mercredi 16 décembre 2009

Investir... pour réduire ses impôts ?



Défiscalisation, réduction d'impôts, FIP (Fonds d'Investissements de Proximité), FCPI (Fonds Commun de Placements dans l'Innovation), paradis fiscaux, niches fiscales, ... autant de mots qui résonnent actuellement à nos oreilles à la radio comme à la télé. Internet est bien évidemment de la partie que ce soit à travers les publicités sur sites ou par envois d'e-mails.

A priori alléchantes, ces offres vous permettent de réduire vos impôts en général de 25% des montants investis (dans le cas des FIP et FCPI).

A Valeur et Profit, nous ne sommes pas dupes de ce "cadeau fiscal". En effet, il ne faut pas tomber dans le piège de la carotte fiscale sans avoir fait au préalable de simples calculs de rentabilité et de coûts d'opportunités.


Pour les FIP et FCPI, les règles sont claires : vous investissez une somme qui sera bloquée pendant 5 ans et vous bénéficiez d'une réduction d'impôts équivalente à 25% du montant de l'investissement.

"Bingo !", diront certains.

Méfiance... Voici quelques points que vous devez avoir à l'esprit avant tout investissement à but fiscal :

1. votre argent est bloqué 5 ans si vous souhaitez bénéficier de l'avantage fiscal.

2. la rentabilité de ces investissements est médiocre : de quelques % de gains - au mieux - à des pertes réelles en capital (réduction d'impôts comprise) - au pire. Vous trouverez un exemple effarant de piètres rendements sur le site de l'investisseur heureux ici.

Dès lors, si vous mixez ces deux contraintes, vous remarquez que le coût d'opportunité (= le coût que représenterait un placement de la même somme sur un autre placement) est énorme ! Votre cash est immobilisé pendant 5 ans pour bénéficier d'un rendement virtuel lié principalement à une réduction d'impôts de 25%.

25% de rendement sur 5 ans, ça nous fait un taux actuariel de... 4,6% par an si votre placement dans ces fonds à risques ne vous rapporte ni ne vous coûte de l'argent mais que vous bénéficiez à plein pots des réductions d'impôts.

Dès lors, ce type d'investissement devient intéressant si vous estimez ne pas être capable de générer un rendement net d'impôts supérieur à ces 4,6% par an sur les 5 prochaines années.

La question qu'il faut se poser est plutôt : vaut-il mieux gagner 8% brut par an (c'est le rendement annuel moyen historique du marché actions) sur ses investissements boursiers et bénéficier de l'avantage de la liquidité des marchés financiers ou bien bloquer tout de suite son cash pour une durée de 5 ans dans un pure souci d'optimisation fiscale pour un rendement de 4,6% ?

En fait, nous pensons qu'il est préférable de chercher un rendement maximal sur ses investissements quitte à être taxé comme il se doit sur ses profits plutôt que de ne voir que le mirage d'une réduction d'impôts qui ne rapporte finalement pas grand chose...


Démonstration chiffrée :

Mr Dupont a un taux d'imposition marginale de 40 % et dispose de 4 000 EUR de liquidité à placer. Deux options s'offrent à lui :

Option 1 : placer 4 000 EUR sur un placement défiscalisant sur un FCPI dans le but de réduire ses impôts 2009. 

Option 2 : placer cette somme en achetant des actions de small caps soigneusement sélectionnées (grâce à la lecture d'un blog par exemple...).

Notez, que nous prendrons les hypothèses suivantes :

- le rendement du FCPI au bout des 5 ans sera de 0% hors avantage fiscal. Soit un gain net de 25% avec la réduction d'impôts ;

- l'investissement dans des petites valeurs permettra à Mr Dupont de générer un rendement de 10% brut par an. En effet, investir sur des entreprises cotées de petite taille permet de générer un retour sur investissement supérieur au marché. Pour plus d'informations, vous pouvez vous référer à notre article sur les caractéristiques d'une pépite.


Rendements attendus par Mr Dupont en fonction du choix de placement :

Option 1 : 4 000 x 25% = 1 000 EUR correspondant à l'économie d'impôts ;

Option 2 : Deux possibilités s'offrent à Mr Dupont : il peut investir en bourse via un PEA ou via un compte-titre. Le PEA présente l'avantage d'exonérer fiscalement complètement les plus-values réalisées au bout de 5 ans mais se limite aux valeurs de l'Union Européenne.

1) investissement en petites valeurs au sein d'un PEA :

4 000 x (1 + 10%)^5 = 6 442 EUR. Seul reste à payer les prélèvements sociaux obligatoires de 12,1 %.

6 442 x (1 - 12,1%) = 5 663 EUR. Soit un rendement net de (5 663 / 4 000) - 1 = 41,6 %

Le profit est donc de 5 663 - 4 000 = 1 663 EUR.

2) Mr Dupont souhaite investir dans des small caps américaines qui ne sont pas éligibles au PEA :

Son rendement annuel net une fois ses impôts payés (taux marginal de 40%) est donc de : 10% x (1 - 40 %) = 6%

4 000 x (1 + 6%)^5 = 5 353 EUR. Soit un rendement global au bout des 5 années de :
(5 353 / 4 000) - 1 = 33,8%

Le profit est donc de 5 353 - 4 000 = 1 353 EUR.

Résumé

- placement FCPI : rendement = 25% ou profit de 1 000 EUR ;
- placement en petites valeurs au sein d'un PEA : rendement = 41, 6% ou profit de 1 663 EUR ;
- Placement en petites valeurs via un compte titres = 33,8% ou profit de 1 353 EUR.

Qu'en pensez-vous ?


PS : notez que cet article n'est valable que pour les citoyens français. Néanmoins, le raisonnement est le même quelque soit la fiscalité : faire des calculs pour vérifier la rentabilité d'offres qui peuvent paraître a priori attractives.

5 commentaires:

Anonyme a dit…

Bonjour,

Je suis bien de votre avis, les FCPI rapportent surtout bcp à leurs gestionnaires :
http://www.investisseurheureux.com/145

C'est malheureux que des réductions d'impôts déforment complètement le marché.

Valeur et Profit a dit…

Bonjour,

Merci pour votre lien, je le rajoute à mon article. Votre tableau démontre clairement qu'on perd de l'argent en investissant dans des FCPI.

Quel est le but de tout investissement : faire des économie (d'impôts par exemple). ou gagner de l'argent ?

CDLT,
Franck

Valeur et Profit a dit…

Rendements historiques des FCPI de 1997 à 2006 ici : http://www.fip-fcpi.fr/?cat=18

(performance annuelle entre -6% et -1% !!).

Bonne lecture.

CDLT,
Franck

Jerome a dit…

Bonjour,

Je suis entièrement d'accord avec l'analyse.

Une précision néanmoins sur le calcul du rendement au sein d'un PEA : les prélèvements sociaux ne portent que sur les plus-values (et non sur le capital final).

Dans l'exemple Option 2 1) la bonne formule est donc : (6 442-4000) x (1 - 12,1%)

Ce qui donne un rendement d'environ 53,7%

Cordialement,

Jérôme

Valeur et Profit a dit…

Merci Jérôme pour cette précision !

Cette rectification (54 % vs. 42% lors du précédent calcul) confirme bien que l'investissement vers le rendement optimal est plus intéressant que le leurre du boni fiscal.

L'attrait du PEA sur des gains importants paraît évident comparativement au compte-titre qui sur les mêmes hypothèses de rendement ne génère "que" 34% de profit.

Notez, que hormis ORSUS, toutes les actions suivies par Valeur et Profit sont éligibles au PEA.

Au plaisir de vous lire.

Cordialement,
Franck