samedi 29 mai 2010

Les caisses régionales du Crédit Agricole ou comment profiter de la hausse de la marge d'intermédiation bancaire


Qu'est-ce que la marge d'intermédiation bancaire ?

Comme chacun le sait le métier premier d'une banque (notamment pour une banque de réseau) est de faire du crédit. Les profits générés par cette activité sont issus entre le différentiel auquel la banque se finance sur le marché et le taux qu'elle sert à ses clients multiplié par l'effet de levier retranché des créances qui seront irrécouvrables (ce qui intervient quand le client ne plus faire face à ses échéances bancaires et que les garanties exercées par la banque ne permettent pas de combler la perte).


Prenons les points un par un.
Aujourd'hui, les taux d'intérêts sur le marché sont relativement faibles. Il suffit de regarder les taux d'intérêt du marché : le cours des Euribor 1 mois, 3 mois et 1 an qui sont respectivement de 0,33 %, 0,70 % et 1,26 %.

Or les taux des crédits passés et actuels octroyés par les banques pour un crédit habitation sont bien au-dessus des taux de refinancement. Aujourd'hui, ils sont de l'ordre de 4% en moyenne pour les taux fixes et de 3% pour les taux variables pour un crédit sur 15 / 20 ans pour les meilleurs dossiers (source : www.meilleurtaux.com).

Les banques prêtent plus de fonds qu'elles n'ont réellement, c'est l'effet de levier. Il permet de multiplier le rendement quand le différentiel de taux est à leur avantage ou alors peut être source de pertes importantes dans le cas contraire. Vous l'aurez compris, pour les banques, la période actuelle c'est le jackpot !

Les caisses régionales du Crédit Agricole ont pour principal métier le crédit. Certes, elles exercent également une activité d'assurances, de fourniture de moyens de paiement et d'épargne. Mêmes si ces activités sont croissantes (notamment l'assurance), elles restent des activités marginales par rapport au crédit.

Ce qui est intéressant, c'est que les caisses régionales n'ont pas d'activité de banque de financement ou d'investissement, ce sont des banques de réseau. Il leur arrive bien entendu de placer leurs excédents de fonds propres sur les marchés dans des véhicules plus ou moins risqués (monétaires < obligataires < actions) selon la politique de risque de chaque management. Par ailleurs, elles sont aussi solidairement responsables des profits et pertes issus des banques de financement de la maison mère Crédit Agricole et des ses filiales sur les activités de marché via Calyon au prorata de leur détention de participation dans celle-ci. Vous trouverez tous les détails dans les rapports annuels de chaque caisse.

Revenons à l'effet de levier. Les caisses régionales sont en général bien pourvues en fonds propres qui représentent bien plus de 10% du total bilan. Pour simplifier, cela signifie qu'il faudrait qu'au moins 10% des crédits alloués soient défaillants et que l'ensemble des garanties prises sur ces créances soient nulles pour que la banque disparaisse. Ceci sans tenir compte des provisions déjà prises sur les créances douteuses et litigieuses (CDL).

Tout ceci explique en partie la récurrence des profits des caisses régionales et de leur constance dans le temps.

Actuellement, il existe 13 caisses régionales qui ont des certificats coopératifs d'investissement (CCI) cotés sur le marché parisien. Ils donnent un droit pécuniaire sur le patrimoine et sur les profits mais sont dépourvus de droit de vote. Ce qui est à nos yeux le principal risque de ce véhicule d'investissement. Néanmoins avec les retraits des CCI de Centre-Loire et d'Aquitaine récemment, l'attrait spéculatif n'est pas nul.

Selon nos calculs, l'ensemble des CCI ont un PER prévisionnels 2010 de 5,1 un rendement moyen estimé de 6,4 % et un potentiel d'appréciation qui valoriseraient les CCI au niveau des fonds propres de 208 % (fonds propres au 31.12.2009).

Ces chiffres sont des moyennes, et certaines CCI sont davantage sous-évaluées. Hormis la caisse de Toulouse que nous détenons sur notre liste d'achat, nous vous recommandons de jeter un coup d'œil aux caisses d'Ile-et-Vilaine, de Haute-Loire et de Normandie-Seine qui ont respectivement un PER de 4,2 , 4,2 et 4,0 ainsi qu'un potentiel d'appréciation sur les fonds propres de 278 %, 246 % et 244 % (au cours du 28 mai 2010).

Notons enfin que le taux moyen de CDL observé pour l'ensemble des caisses est de 2,5% des encours de crédit et qu'il est provisionné en moyenne à hauteur de 70%.

Les résultats du premier trimestre 2010 tendent à confirmer que la couverture du risque est adéquate car les bénéfices sont encore au rendez-vous et les parts de marché vont croissantes. Ces profits continuent d'accentuer l'écart entre cours des CCI et fonds propres par CCI. En deux mots : la sous valorisation continue de croître !

Chiffres 1er trimestre 2010 de CRCAM Toulouse 31 : ici.

Ticker : CAT31
Cours le jour de la publication : 56,60 EUR (date de clôture du 28.05.10)
Rendement (dividende inclus): +9,5%
Conseil : ACHAT
Risque principal : pas de droit de vote

9 commentaires:

Bargain Hunter a dit…

Attention pour les crédit de habitations les banques ne se financent pas avec de l'euribor 3 mois, ou 1 an :)

Les dernier taux sont:
5 ans : 1,8500
7 ans : 2,3800
10 ans : 2,9600
15 ans : 3,3500
20 ans : 3,5800
25 ans : 3,6800
30 ans : 3,6900
Aller voir sur ce site avoir la valeur du TEC x ans: http://cib.natixis.com/misc/official_rate.aspx

Sur meilleurs taux :
Par type de dossier : excellent, très bon, bon
15 ans: 3,40 3,50 3,55
20 ans: 3,60 3,65 3,75
25 ans: 3,65 3,70 3,80
30 ans: 4,15 4,20 4,30

Valeur et Profit a dit…

Bonjour Bargain Hunter,

Cet article se veut généraliste.

Les informations que vous fournissez sont valables uniquement pour :
- les crédits alloués aujourd'hui ;
- et à taux fixes.

Pour les taux variables, les banques se refinancement sur des maturités beaucoup plus courtes.

Enfin, je ne suis pas rentré dans le détail des jeux des couvertures éventuels qu'elles prennent ni des ressources "peu chères" qu'elles possèdent via l'épargne rémunérée pour les comptes sur livret et livret A à des niveaux très faibles : 1% pour le compte sur livret (http://www.ca-toulouse31.fr/particuliers/epargne-bancaire/compte-sur-livret.html) et 1,25 % pour le livret A (http://www.ca-toulouse31.fr/particuliers/epargne-bancaire/livret-a.html).

A votre avis, où va le différentiel entre le taux payé par la banque à ses clients et le taux que fait payer la banque ?

Merci pour votre commentaire.

CDLT,
Franck

Bargain Hunter a dit…

Je suis bien d'accord que les banques se font de jolis bénéfices en empochant un différentiel sur les taux.

Aujourd'hui, les taux d'intérêts sur le marché sont relativement faibles. Il suffit de regarder les taux d'intérêt du marché : le cours des Euribor 1 mois, 3 mois et 1 an qui sont respectivement de 0,33 %, 0,70 % et 1,26 %.
Or les taux des crédits passés et actuels octroyés par les banques pour un crédit habitation sont bien au-dessus des taux de refinancement. Aujourd'hui, ils sont de l'ordre de 4% en moyenne pour les taux fixes et de 3% pour les taux variables pour un crédit sur 15 / 20 ans pour les meilleurs dossiers


Mon impression à la lecture du passage ci dessus de votre article est qu'on a l'impression que les banques empruntent à 1.26% pour re-prêter à taux fixe à 4%...

Ce n'est que mon avis mais je pense que dernièrement les banques, pour augmenter leur marges, essayent surtout de faire souscrire aux clients plein de produits superflus du genre assurance en cas de perte/vol de trousseaux de clé ...

L'équipe des daubasses selon Benjamin Graham a dit…

Les banques ont généralement des marges assez faibles sur les crédits habitation (il s'agit pour elle d'un produit d'appel). Ce qu'il importe, c'est de pouvoir "fourguer" avec le prêt, toute une série de produit plus "juteux" du style "assurance solde dû" ou "assurance incendie".

Un taux nominal attrayant permet surtout d'attirer de nouveaux clients "captifs".

Dacian a dit…

Bonjour V&P

Tout d'abord, merci pour l'article.

J'ai qq commentaire d'amateur concernant ces "bargains":

"Or les taux des crédits passés et actuels octroyés par les banques pour un crédit habitation sont bien au-dessus des taux de refinancement."

C'est un fait, donc positif pour les banques; cela est relatif aux années précédents. Mais qu'est ce qu'on est sur les volumes de ces prêts; en gros, pourquoi il serait si "profitable" pour les banques d'un coup?


"Les banques prêtent plus de fonds qu'elles n'ont réellement, c'est l'effet de levier. Il permet de multiplier le rendement quand le différentiel de taux est à leur avantage ou alors peut être source de pertes importantes dans le cas contraire. Vous l'aurez compris, pour les banques, la période actuelle c'est le jackpot !"

Hmmm... C'est le jackpot si les niveaux de défaillance n'augmente pas; on est en période difficile concernant les préteurs (entreprises et ménages).

"Par ailleurs, elles sont aussi solidairement responsables des profits et pertes issus des banques de financement de la maison mère Crédit Agricole et des ses filiales sur les activités de marché via Calyon au prorata de leur détention de participation dans celle-ci."

C'est très important de detailler ce point (personnellement, je ne les connais pas); mais il me semble que la maison mère connais qq difficultés ces temps ci et elle est mal mené en bourse.

En gros, la question c'est est-ce qu'on a trouver ici un vrai "bargain" (comme les autres sociétés proposées) et les investisseurs sont débiles concernant ces caisses regionales? Elles sont plutôt connues et non pas des petits sociétés a qui personne ne s'intéresse, n'est ce pas?

Merci

Valeur et Profit a dit…

Bonjour Dacian,

"En gros, la question c'est est-ce qu'on a trouver ici un vrai "bargain" (comme les autres sociétés proposées) et les investisseurs sont débiles concernant ces caisses regionales? Elles sont plutôt connues et non pas des petits sociétés a qui personne ne s'intéresse, n'est ce pas?"

Pour répondre clairement à votre question :

1/ les investisseurs ne sont pas "débiles". Intéroger vos amis qui investissent en bourse et demander leur ce qu'ils pensent d'investir dans un CCI d'une caisse régionale du crédit agricole. Vous verrez qu'ils ne seront nullement emballés : "c'est pas sexy".

Caisse "régionale", ça fait un peu ringard... Et un CCI est une forme hybride peu connue qui rend les investisseurs méfiants, ce qui est compréhensible.

2/ les investisseurs institutionnels ont, à mon avis, aucun intérêts pour les caisses régionales, car :

- aucun droit de vote ;
- capitalisation très faible ;
- liquidité médiocre.

3/ vous dites qu'elles "sont plutôt connues". C'est faux. Crédit Agricole est connu (CASA) et la banque de détail est connue. Après les CCI ne sont que très peu suivis.

4/ avec un rendement en moyenne attendu au delà de 5%, l'importante décote sur fonds propres et l'intérêt spéculatif sur des retraits de la cote font des CCI des CRCAM de bons véhicules d'investissement pour l'investisseur individuel patient.

Attention, ceci n'est que mon avis et n'est pas un conseil. A chacun de faire ses devoirs.

Merci pour votre commentaire.
Au plaisir de vous lire.

CDLT,
Franck de Valeur et Profit.

Dacian a dit…

"Attention, ceci n'est que mon avis et n'est pas un conseil. A chacun de faire ses devoirs."

Cela est evident, il faut pas le repeter pour rester politiquement correct :). Je sais qu'il y a des gens qui reviennent pour se plaindre, mais il faut les ignorer...

Si non, merci pour les explications.

Ben a dit…

Bonjour Franck,

pour ma part, mon job à oséo (je garantie des prêts bancaires pour les entreprises) me donne une vision assez privilégiée de la situation.

Et je confirme que les banques doivent gagner pas mal d'argent même si le CA ne me semble pas être la banque la plus vorace.

Je souhaite avoir une précision sur l'actionnariat, si tu l'as :

Quel est le pourcentage du capital des CRCAM qui est en bourse via les certificats d'investissements?

Est ce que le CA SA détient des certificats aussi ou est ce qu'il détient des actions (si il y en a) des CRCAM?

J'espère que tu pourras me fournir des précisions car je ne connaîs pas du tout leur mode de fonctionnement et je souhaiterais pouvoir mieux estimer quel part des capitaux propres et du résultat revient vraiment aux détenteurs des certificats.

Merci d'avance.

Valeur et Profit a dit…

Bonjour Ben,

Les réponses à tes questions ci-dessous :

Quel est le pourcentage du capital des CRCAM qui est en bourse via les certificats d'investissements?

- sur les 13 caisses cotées, le capital émis sous forme de CCI est de 23%.
Tu auras les détails dans les rapports annuels de chaque caisse dans la répartition du capital.

Est ce que le CA SA détient des certificats aussi ou est ce qu'il détient des actions (si il y en a) des CRCAM?

- Ce sont seulement les particuliers qui détiennent les CCI. CASA détient des parts sociales.
Chaque CRCAM peut détenir des CCI dans leurs comptes dans le cadre de leur programme de rachat de CCI.

Merci pour ton commentaire Ben.

CDLT,
Franck